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Extraits du livre "Congo belge, portrait d'une société coloniale" de Hilde Eynikel. L'auteur reprend des extraits parus dans d'autres ouvrages.
Stanleyville ou « Stan », le jardin colonial
Après avoir dépassé la pointe d'une île où fume encore le feu qui a signalé l'arrivée de notre steamer, je vois apparaître entre les plantations les toits de chaume de Stanleyville, plus au loin, la ligne blanchissante des chutes barrant le Congo.
Le commandant Malfeyt, ses officiers et la garnison noire m'attendent rangés sur le rivage, la Brabançonne retentit, on devine l'émotion qu'éveillent ces accents de la patrie lointaine et la vue de ces compatriotes qui l’ont quittée pour soutenir, au milieu de mille dangers, une oeuvre grandiose et utile à leur pays.
(Buls remonte le fleuve en pirogue avec le commandant Malfeyt).
Nous gagnons bientôt le village d'arabisés Kisanga. A l'entrée se tient le chef, Saïd Ben Sabethi, paré de ses plus beaux habits : une robe havane recouverte d'un veston en broché rouge, richement brodé, un madras de soie sur la tête.
Je parcours la grand'rue du village, large de 15 mètres, en terre battue, proprement balayée. Les maisons isolées la bordent. Elles sont construites en pisé et toutes sur le même plan. La grand'rue de Kisanga se termine à une palissade de bambous, au-delà s'étend le village des Wagenia ... Le chef indigène m'attend ; il n'a pour tout costume qu'un pagne et pour insigne un collier avec quelques dents de léopard.
Charles Buls, 1899
Décidemment, je ne puis que répéter ma première constatation. Stanleyville fait honneur à notre colonie.
Sur la rive gauche du fleuve, s'étend un paisible quartier ombragé de beaux manguiers au feuillage sombre. C'est là que se trouvent la gare et les installations du point terminus du chemin de fer des Grands Lacs.
Stanleyville, beau poste, est aussi un poste .sain. Il faisait fort chaud quand j’y ai séjourné, mais il n’y avait pas un moustique. Où stagnaient des marais, s'élèvent actuellement de beaux bâtiments, très riants, avec leurs briques roses rejointoyées de blanc, leurs boiseries apparentes peintes de couleurs vives, l'heureux arrangement des pierres locales, qui sont de grès rouge. Les chemins sont couverts de fins cailloux. L'assèchement est presque entièrement réalisé, l'écoulement des eaux de pluie ne laisse en rien à désirer. Des sources ont été captées et des fontaines de pierre, d'où jaillit une eau courante, mettent la gaieté de leur murmure entre les haies de citronniers.
La prison indigène, qui devra être déplacée à cause du développement croissant de la ville, est propre. L'hôpital pour noirs est sain.
Pierre Daye, 1923
On ne peut pas ne pas aimer Stanleyville. C'est un poste si vert, si soigné, si pittoresque, si bien situé au bord du grand Fleuve, et les palmiers des avenues sont si beaux avec leurs stipes couverts de fougères !
Plusieurs jolies maisons. Dans un parc, un "Palais du Gouverneur" qui a quelque allure (mais quel fichu ameublement !) ; un petit musée qui sera gentil quand il sera installé; un vaste garage où il ne manque que des automobiles (mais j'y ai vu d'excellentes charrettes, fabriquées ici), plusieurs beaux comptoirs, un bel hôtel - l'Hôtel des Chutes (ainsi nommé parce que les cataractes du Fleuve sont proches, et non à cause de la fragilité des vertus locales), mais les chambres sont chères et la nourriture insuffisante ...
L'Hôtel des Chutes en 1924 (indiqué "Hôtel Palace" sur la carte postale).
Une admirable église, un hôpital qu'il faudra agrandir et moderniser, une population active, plusieurs intérieurs charmants, une atmosphère générale d'activité, d'ordre et de dignité qui fait honneur à l'administration et à tous les blancs de la petite ville ...
Et il y a la merveilleuse promenade le long du Fleuve, vers l'ouest. Une route va jusqu'au nouvel hôpital (en construction), au laboratoire et à la villa charmante d'une active doctoresse belge qu'aide une jeune savante russe. Jardin de rêve, où chante une source célèbre dans tout le pays ... mais la pharmacie est peu garnie.
Chalux, 1923
Stan, « ma jolie ! »
Stanleyville est certainement un des plus jolis postes du Congo. Il laisse loin derrière lui Boma qui semble mangée des mites, Matadi en pleine transformation, Kin indéfinissable et Coq qui manque d'importance.
C'est aussi une des agglomérations où l'on potine le plus ...
Que trouver de nouveau pour décrire « Stan » d'une façon inédite ? On a vanté ses merveilleuses allées de manguiers, ses constructions splendides, l'amusant bariolage du marché indigène où les élégantes noires se promènent, nonchalantes, sous les regards éblouis des nègres et de ... certains blancs. Faut-il parler de la fontaine-potinière de la ville où les boys, qui viennent chercher l'eau, se racontent avec de grands rires et des petits gloussements, les dernières aventures de leurs blancs ?
On a peut-être omis de citer l'Hôtel des Chutes, dont le bar sert de club aux mécontents de l'endroit qui, en même temps que des bouteilles, vident leur poche à venin.
La ville, bâtie au bord du fleuve, est construite sur les deux rives. Comme rudimentaire moyen de communication entre elles, jusqu'à six heures du soir, un petit bateau fait de temps en temps la navette. La plupart des gens pressés prennent une pirogue et font, de cette façon, gagner pas mal d'argent aux pagayeurs indigènes qui les traversent. Les pêcheries des Wagenias sont splendides, et la population des pêcheurs a gardé ses moeurs ancestrales malgré la proximité de Stan ... Aux eaux basses, il convient d'admirer les chutes de la Tchopo qui sont merveilleuses, éclairées par les rayons du soleil couchant, irradiant d'or les poussières d'eau éparpillées sur les roches sauvages.
Tout est pimpant, neuf, à Stan, y compris la confortable prison pour noirs, les très belles écoles pour noirs, claires et gaies, la maternité pour femmes noires, le camp des soldats noirs est un bijou et...
- Pardon, interrompt une lectrice, que fait-on pour les blancs ?
- Ma chère, au Congo, la mode est au noir. Comme elle est sujette à des variations, espérons que le blanc aura son tour.
Je continue donc ma nomenclature en parlant de l'hôpital pour ... noirs. Qui est muni de tous les progrès de la science.
À part le manque d'eau potable dans les maisons, l'abondance du même liquide dans la centrale électrique, ce qui prive les habitants de lumière prendant des périodes de trois mois, ainsi qu'un ensemble très sommaire d'installations hygiéniques, « Stan » est charmante, car j'y ai connu de très braves gens.
Madeleine Migeon, 1931
En 1898, Stanleyville actuel était ébauché sur la rive droite du fleuve, à quelques kilomètres en aval de la dernière cataracte. Les plus vieilles maisons datent de 1909. Un monument s'élève à l'endroit où le lieutenant Dubois trouva la mort en défendant la station la plus avancée de l'État indépendant.
La ville principale se trouve sur la rive droite du fleuve où elle ne fait que s’étendre, ayant déjà rejoint la cité indigène dont elle n'est plus séparée que par un bosquet de palmiers éléis. Les vieux quartiers, avec leurs jardins et leurs larges avenues ombragées par les manguiers ou les palmiers sont très pittoresques.
La ville s’étend à présent, depuis le fleuve, jusqu’à la Tchopo…
Le Guide du Voyageur, 1958.
Couvertures avant et arrière du livre "Congo belge" de Hilde Eynikel.