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La société KISAN MOTORS a été créée un peu avant 1973 par deux personnes, BINZA SALAWA (ex-MIRON Raymond) et LOLA DI OLUA (ex-DE JONG Wilhelm).
Pourquoi l'expression du passé pour les patronymes entre parenthèses ? Tout simplement parce que la politique de recours à l'authenticité zaïroise, prônée par le Président Mobutu, avait entraîné l'obligation pour tous les Zaïrois de troquer leurs noms et prénoms d'origine étrangère contre des appellations locales. C'est ainsi que le chef de l'Etat lui-même, le Président Joseph-Désiré Mobutu, s'est fait appeler du jour au lendemain Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wazabanga.
Pour l'exactitude des faits et la mise en relation avec une période particulière de l'histoire du pays, je continuerai à faire usage ci-après du nom "Zaïre" et pas de celui de Congo.
Ladite société représentait la marque DATSUN (voitures) et NISSAN (camions) au Zaïre ainsi que d'autres marques d'engins motorisés telles que VESPA à Kisangani. Elle effectuait le montage des camions, ce qui est une activité unique dans l'histoire de Kisangani.
(Harris Asmanis)
1974 :
Pour les premiers montages, un ingénieur Japonais s'était rendu à Kisangani et nous pouvons le voir sur la photo devant le garage avec les premiers camions CK10. De gauche à droite, Kadir le chef de garage, l'ingénieur de chez Nissan et l'un des associés (Lola Di Olua).
1975 - 1977 :
Camions CK20.
Les camions importés arrivaient en pièces détachées du Japon par bateau, dans des caisses, via le port de Matadi. Ils étaient ensuite acheminés par route jusque Kinshasa puis transportés par voie fluviale (ONATRA) jusqu'au port de Kisangani. Les châssis des camions arrivaient arrimés par paires. Le reste, c'est-à-dire les moteurs, les boîtes de vitesses, les essieux avant et arrière, les cabines, les axes de transmissions, les câbles électriques, toute la tuyauterie pour les systèmes pneumatiques, la boulonnerie et visserie, etc, arrivait dans des caisses en bois.
1975 - 1977 :
Le principal engin de manutention et de levage était le Clark que l'on peut apercevoir sur les photos. Cet engin servait à la mise en place des chassis sur des tréteaux afin que l'assemblage puisse commencer.
1975 - 1977 :
Un total de +/- 50 véhicules ont ainsi été assemblés à Kisangani dans un bâtiment situé sur l'avenue Lac Tanganyka.
1975 - 1977 :
Ces camions de type CK10 d'une charge utile de 7 Tonnes et CK20 d'une charge utile de 10 Tonnes, tous deux à cabine avancée et basculante, servaient au transport de marchandises entre le noeud fluvial de Kisangani et les régions vivrières de l'Est et du Nord du pays. A l'aller, le frêt était essentiellement des produits manufacturés et au retour la marchandise importée était constituée de produits vivriers tel que le café, le riz, les arachides, etc.
L'importation des camions s'est arrêtée lorsque, dans la foulée des mesures de la "Zaïrianisation", le monopole de la représentation a été attribué à une société d'Etat Zaïroise. Cette dernière, comme la plupart des autres sociétés publiques, s'est progressivement effondrée à cause d'une absence de gestion rigoureuse, d'un manque de prévoyance et d'un service après-vente défaillant.
Ces camions ont circulé dans le Haut-Zaïre (nouvellement "Province Orientale") jusqu'à la période fatidique où les pièces de rechange ont fait cruellement défaut et que la légendaire ingéniosité des mécaniciens zaïrois a atteint ses limites. L'état catastrophique des routes ainsi que les surcharges régulières des camions n'ont rien arrangé au processus de dégradation du parc des véhicules.
1978 :
La société Kisan Motors a naturellement dû mettre la clef sous la porte en 1979. Une situation illustrée par la photo du hall d'exposition vide, avec un petit camion en bois posé sur le comptoir et construit par des enfants.
Fort heureusement, il reste les photos pour me convaincre que je n'ai pas rêvé de cette période du passé.
La première photo (1974), je la tiens des associés, tous les deux décédés aujourd'hui. Les autres photos, c'est moi-même qui les ai prises et elles couvrent une période qui va de 1975 à 1977, période au cours de laquelle j'ai travaillé pour cette société de montage de camions à Kisangani.
Vers 1977 :
Il n'y avait pas beaucoup de véhicules en circulation mais certainement trop de palmiers.
Ce camion, à peine vendu et sorti du garage, sans carrosserie et donc très léger de l'arrière, sur une route en latérite avec des ravines en forme de tôles ondulées, a échappé au contrôle du chauffeur et a percuté un palmier. Et c'est extrêmement résistant un palmier...
A ce propos, c'est Monsieur Margossian qui réalisait les meilleures carrosseries.
(Le texte de cette page est de Harris ASMANIS, 2009)
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