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Religion :
1959 :
Eglise. (photo 12)
Septembre 2012 :
L'annexe pour les religieux du diocèse de Yangambi.
Tombe des martyrs de la rébellion de 64.
28 août 2014 :
Témoignage de Jean Likango wa Likango :
La tombe double contient les corps - plus précisément leurs restes car ils ont été ensevelis sans cercueil, enroulés dans de simples couvertures - de Afete Daniel, Lingelema Gilbert, Mangapi Pierre, Badjoko Auguste, Bita Bernard (repris sur la plaque de 2012) et Musa Augustin, Ekutshu Eugène, Bangala Léonard, Bonioma Jacques et Wawina.
En avant-plan à droite, la tombe de mon père, Jean Likango, qui était le chef de service médical de Yangambi de 1960 à 1964.
Il s'agissait des cadres supérieurs de l'INEAC Yangambi après l'indépendance.
À l'arrivée des rebelles mulelistes se revendiquant partisants de Lumumba à Yangambi, ces personnes de premier plan furent quasiment toutes arrêtées, balancées par l'épouse d'un autre cadre qui s'était rapidement casée dans la rébellion, peut-être pour protéger son mari. On ne le saura jamais.
Parmi les personnes arrêtées, il y avait Monsieur Eugène Ekutshu, seul ressortissant de la province de l'équateur, resté seul à ce moment parce que toute sa famille était à Bumba pour les grandes vacances dans la famille. Mon père, qui n'était pas arrêté, avait refusé de quitter Yangambi, tel que son ami Moïse Tshombe de passage le lui avait suggéré avant l'arrivée probable des rebelles dans la région. Il était resté sur place, prétextant qu'il ne pouvait pas laisser l'hôpital sans responsable au cas où il y aurait eu des morts.
Le 20/08/1964, mon père est donc allé plaider le sort de Monsieur Ekutshu qui était gravement battu et diminué. Voyant que les rebelles étaient intransigeants là-dessus, mon père proposa aux rebelles de prendre sa place pour que ce dernier puisse retrouver sa famille.
Cette proposition fût une aubaine pour les rebelles qui hésitaient de l'arrêter.
Ils seront tous tués devant une foule en liesse le dimanche 23 août 1964 vers 11 heures sur le terrain de football de la cité reine Astrid (renommée cité Ekutshu par après).
Mon père qui n'était pas mort tout de suite après avoir reçu plusieurs balles, mais qui n'arrêtait pas de se relever en brandissant sa carte du MNC, fût achevé à coup de machette.
Ma mère qui avait un bébé né le 17 août 1964, c'est-à-dire un enfant de six jours dans ses bras, avait interdiction de pleurer sous peine de subir le même sort. Les autres compagnons de mon père, originaires de la province, ayant fait évacuer leurs familles plus tôt, il n'y avait personne pour s'occuper de leurs corps. Selon les usages des rebelles, il était question qu'ils soient jetés dans le fleuve.
Ma mère était une fille de Yangambi; c'est comme ça que mon grand père maternel, son frère et mes grands cousins sont allés demander la dépouille de mon père pour l'enterrer. Les rebelles acceptèrent, mais à condition qu'ils prennent les onze corps. Comme la nuit tombait déjà, ils ont dû improviser par manque de temps. Ils ont donc creusé trois trous. Une tombe pour mon père seul et deux autres de cinq corps chacune.
L'histoire a voulu que quelques mois plus tard, ma famille se retrouva à Kisangani après la reprise de la ville par l'armée nationale. Les personnes reconnues responsables des atrocités pendant la rébellion ont été arrêtées et exécutées. J'avais sept ans et j'ai assisté à chaque exécution. Je suis même allé voir la pendaison de la femme qui a livré nos papas. Curieusement, je n'ai rien ressenti, aucun soulagement, et jusqu'à aujourd'hui, à 64 ans, je ne suis jamais arrivé à faire le deuil de mon père.
(Source : Jean Likango, juin 2022)
2014 :
Paroisse Notre-Dame de l'Assomption.
Le bâtiment visible à gauche sur la photo précédente.
(photo 13)
Juillet 2017 :
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